La startup rémoise VitiBot a créé un robot adapté aux vignes champenoises. Bakus, c'est son nom, entrera en action pour la première fois ce jeudi 25 juillet 2019 dans les cultures de Paul-Vincent Ariston, à Brouillet (Marne). Une aide précieuse pour ce viticulteur.
« On était le parent pauvre »
Cent pour cent électrique et doté d'une batterie capable de lui conférer dix heures d'autonomie, avec le modèle livré à Brouillet l'engin débute sa phase de commercialisation. En Champagne, dans un premier temps, avant d'étendre la zone au reste de la France puis à l'Europe.Ce qui a séduit le viticulteur Paul-Vincent Ariston, c’est d’abord le confort. En effet, le tracteur enjambeur engendre chez le travailleur des troubles musculo-squelettiques. A cause de sa hauteur, il peut aussi s’avérer dangereux. « Deux ou trois accidents mortels par an », assure-t-il.
Pendant qu’il n’est pas assis sur son tracteur, il peut se concentrer sur d’autres tâches telles que la partie administrative ou les vendanges. En gardant toujours un œil sur la tablette qui contrôle le robot à distance, cela va de soi. « Au lieu d’être chauffeur, on devient opérateur », complète-t-il.Cela nous permet aussi d’être un peu plus souples dans la gestion de nos horaires - Paul-Vincent Ariston, viticulteur.
Pallier un manque de main-d'oeuvre
Paul-Vincent a d'ailleurs soutenu Cédric et Dominique Bache, fondateurs de VitiBot, durant le processus de conception du robot. « Je pouvais apporter mon expertise en tant que vigneron et eux avaient les compétences informatiques et techniques que je n’avais pas », raconte le passionné de robotique. Il y a aussi vu une valeur inédite. « Il existait déjà des robots pour d’autres types de cultures comme les légumes mais pas pour les cultures plus étroites comme les vignes ». Sachant que les vignes champenoises sont particulièrement étroites. « On était le parent pauvre », résume-t-il.Remplacer un humain par un robot pose évidemment question quant à la suppression des emplois. Si le viticulteur peut vaquer à d’autres tâches, alors il emploiera moins de personnel. Certes, mais ces emplois sont désertés selon Paul-Vincent Ariston qui peine à recruter en périodes de vendanges. « Depuis 5 à 7 ans, j’ai de plus en plus de mal à trouver des gens, explique-t-il. Je suis même obligé de recruter des Polonais ». Le viticulteur se plaint aussi du manque de qualification et de la démotivation du personnel qu’il emploie.
Limiter les produits chimiques
Paul-Vincent a également été attiré par les économies de produits chimiques. Seulement un quart de sa production est bio mais il aimerait évoluer dans ce sens. Bakus n’évince pas les produits phytosanitaires mais il permet d’en limiter l’utilisation en ne pulvérisant que sur des zones précises. Cela évite qu’ils se retrouvent dans les sols, dans l’air ou qu’ils aient un impact sur la santé du viticulteur.
A terme, les ingénieurs de la startup voudraient que Bakus soit capable d’anticiper les maladies pour éviter une utilisation systématique des produits. De quoi rendre très enthousiaste le viticulteur marnais qui testera donc le robot pour la première fois dans ses vignes, ce jeudi 25 juillet 2019.